Visite de l'atelier de Sekishû Kachiji Banshi Partie 1 - Partie 2
D'autres personnes sont venues à l'atelier pour voir la levée du koshiki, le dôme de l'étuve qui a plu de 200 ans. Ce gros tonneau en bois est un des derniers de son genre et il a été reconnu patrimoine historique du Japon en 2019. Makoto me dit que son entretient est très important car il n'y a plus d'artisan-fabricant capable de réparer ce genre de koshiki (les panneaux de bois sont incurves, pas comme ceux des tonneau actuels). Il a aussi dû apprendre à faire les énormes tresses qui maintiennent le koshiki. Un autre tonneau attend, posé sur des poutres en haut de la grange. Il ne sert plus, il est cassé, irréparable.
Satomi et Makoto se préparent pour la levée du koshiki. Ils préviennent tout le monde que dans un premier temps, ils doivent enlever la bâche plastique qui entoure les branches de kôzo. "C'est pas très photogénique. Il vaut mieux prendre les photo sans. On a aussi fait ça aussi pour la NHK quand ils sont venus filmés la semaine dernière !".
Effectivement, et bien qu'en levant le koshiki la vapeur rende la scène impressionnante, le plastique ne fait pas très joli. Vite, Satomi et Makoto l'enlèvent et replacent le dôme par-dessus les branches qui trempent dans le kama (marmite). Apres 5 minutes, Makoto nous demande de préparer nos appareils car il va à nouveau soulever le dôme, grand moment. Makoto et Satomi savent bien gérer le show !
Dans un grincement de cordes et de poulies, Makoto soulève le koshiki avec beaucoup d'efforts. De grosses veloutes blanches de vapeur s'en échappent vers le toit de la grange. Dans le petit matin froid, la scène réchauffe. Satomi prête main forte pour bloquer le koshiki et défait les lianes qui entourent les branches de kozo. Tour à tour, le couple décharge les ballots vers le kei-tora (petite camionnette) pour les emmener à l'atelier. Il ne faut pas que les branches sèchent trop vite, pour éviter que la dépouille ne soit difficile.
Apres le déchargement, c'est déjà midi. Les autres visiteurs sont repartis, et Satomi me propose de déjeuner avec elle et Makoto. Elle a fait de la soupe miso et du chahan. J'accepte même si j'ai déjà mon bento. A table, on discute beinsûr du washi, des neko house, des nombreux chats que le coupe possède et dont Satomi prend soin comme si c'était ses enfants (c'est surtout Chobi et Bunchi qui trainent dans l'atelier), et de botanique. J'avoue être venue aussi pour voir le washi de mitsumata que Makoto fabrique.
Apres la pause déjeuner, il m'emmène alors devant quelques pieds de mitsumata devant l'atelier pour me donner l'occasion de couper quelques branches et les ramener chez moi. "Tu peux les replanter, ça repousse bien. Tu mets dans l'eau, tu attends que des feuilles apparaissent et ensuite tu plantes dans la terre. C'est rustique le mitsumata, ça tiendra bien." Il me donne aussi un rameau de sane-kazura et du kôzo.
C'est l'heure de reprendre le travail. Satomi me dit qu'ils vont faire le hagi (dépouiller le kôzo), et demande à quelle heure je dois rentrer. En fin d'après-midi, mais d'ici là, je compte offrir mon aide pour la dépouille, je connais un peu. Alors, on s'installe dans un grand atelier où les branches étuvées sont par terre, attendant sous une bâche bleue. Et toujours, une bouilloire pour le thé sur le poêle qui chauffe -un peu- la salle. Je demande à Makoto s'il distingue le kôzo rouge du kôzo vert pour faire le washi. Il me répond oui (mais j'ai oublie pourquoi !).
On dépouillera en compagnie des chats jusqu'a la tombée de la nuit, tout en discutant (mais jamais des grandes conversations, mon japonais est bancale et j'ai parfois du mal à comprendre l'accent de Makoto et Satomi). Il n'est que 17h mais c'est la nuit noire dans les montagne du Kachiji et il fait un froid mordant. Je remercie chaleureusement Makoto et Satomi pour leur accueil, leurs cadeaux botaniques et leur temps a discuter. Je repars vers Hamada et attendant mon bus de nuit dans la gare déserte et le plus grand froid que j'ai jamais connu de ma vie.
J'ai encore découvert un washi rare et précieux qui mérite d'être utilisé par beaucoup. Makoto et Satomi sont des gens merveilleux qui façonnent un pqpier délicat, sincère et pétillant (ils le déclinent aussi en gamme colorée), exactement comme eux. Leur travail et leurs efforts ont été récompensés car leur washi est reconnu patrimoine culturel de Goetsu. Le washi de mitsumata est parfait pour l'impression jet-d'encre ou procédés anciens de photo. J'espère que des artistes pourront en profiter (j'ai quelques feuilles pour les photographes intéressés pour tester ce washi, me contacter).
Sekishu Kachiji Banshi - Atelier 'Kaze no kobo' de Makoto Sasaki et Satomi Iga-Sasaki.
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