Dans ma grande quête d'en connaître toujours plus sur le papier japonais, il me paraît indispensable d'y inclure les trois grandes régions du washi qui ont été reconnus patrimoine mondial par l'UNESCO. Celles-ci sont :
- Mino dans la préfecture de Gifu (pour le Hon-mino shi),
- Ogawa et Chichibu dans la préfecture de Saitama (Hosokawa shi)
- la région de Sekishû dans la préfecture de Shimane (Sekishû banshi)
Je m'étais déjà rendue à Mino en Octobre 2018 pour le Sommet du Washi 2018 durant lequel j'ai rencontré Mayumi Takahashi qui façonne notamment du hon-mino washi. J'y ai aussi fait la rencontre de Aya Kubota qui faisait partie des intervenants du sommet. Aya façonne du Sekishû Banshi dans l'atelier renommé de la famille Kubota.
Aya Kubota (gauche) et Mayumi Takahashi (droite) - Mino, Gifu, 2018.
La caractéristique de ce washi est que, lors de la préparation du mûrier à papier kôzo, les artisans n'éliminent par les fibres vertes de l'écorce (amagawa) lors du grattage après étuvage des branches (lire l'article sur l'étuvage ici). Ces fibres vertes plus courtes iront combler les interstices entre les fibres blanches plus longues, ce qui confèrera une résistance supplémentaire (et une très légère teinte verte) au papier. D'où sa renommée.
Aya Kubota (au micro et en photo) lors du Washi Summit 2018, Mino, Gifu.
Aya Kubota est une femme très avenante mais - surement malgré elle - avait un peu un statut de star lors du sommet. J'avais voulu l'approcher et échanger quelques mots pour une future visite mais c'est directement son père qui a pris le relais. "Envoyez-moi un email pour votre demande !" m'avait-il dit en me tendant sa carte de visite. Ca m'avait un peu refroidi. Mais il fallait bien que je me rende un jour à Sekishû pour le washi !
Ce jour est venu en Décembre l'année dernière, après quelques recherches sur internet à propos des ateliers washi de la région Sekishû. Décembre est la pleine période de la récolte du mûrier à papier et de la mise en étuve des branches récoltées. Et dans cette région, l'artisan Sasaki qui fabrique le Sekishu Kachiji Banshi procède encore à l'étuve avec un dôme datant de l'ère Meiji (1868-1912) ! Il fallait que j'aille voir ça; même la NHK en avait fait un reportage. J'ai donc contacté avec l'artisan qui m'a dit que le dernier "sodori" (étuvage) de l'année aura lieu dans la semaine d'après !
Rendez-vous pris, j'organisais mon voyage à Shimane vite fait. Hop! Bus de nuit, hôtel et voiture étaient réservés. Mon ego ayant accusé le coup pour Kubota, j'allais visiter un atelier de Sekishû, un peu moins rancunière que quelques mois auparavant. Mais je ne savais pas que cette visite chez l'artisan Sasaki allait être bien plus riche que je ne le pensais.
Lire la 2ème partie du voyage : https://harikopaper.com/blogs/blog/sekishu-kachiji-banshi-2-visite-atelier-papier-japonais-washi