Retour à Tottori - 2 - Dans l'atelier

Publié par Emilie EVEN le

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Lire "Retour à Tottori - 1" ici.
Lire mon 1er voyage à Tottori ici

Nous avons loué une voiture pour se rendre à Tottori car notre séjour était bref (2 jours seulement); il ne fallait pas perdre trop de temps dans des transports assez rares de la région. La ville de Tottori est elle-même bien desservie, mais en dehors, cela reste la campagne. C'est un peu le critère essentiel pour faire un papier washi de qualité : le façonner dans un environnement loin de la pollution. 

Nous sommes arrivés à chez Hasegawa-san en début d'après-midi et il a tout de suite fait visiter son atelier. Yutaka, son fils, était aussi là, penché sur le bac à pulpe à façonner un washi de gampi. Hasegawa-san commence les explications sur ce qu'est le washi, montre le kôzo qu'il utilise et le processus de fabrication. Je traduis pour Ann et Stephane.

Dans la pièce voisine, la femme d'Hasegawa est au poste de séchage du washi : sur un grand teppan (plaque de métal) chauffé à 100°C par de la vapeur, elle étale les feuilles une à une et les lisse à l'aide d'une brosse en crin de cheval. Cela fait 30 ans qu'elle l'utilise. Elle nous montre une autre brosse, faite de panicules de riz. "Il y a longtemps, les artisans utilisaient ça." 

papier japonais washi hasegawa tottori

Hasegawa-san finit son tour de l'atelier et fait une démonstration de façonnage de washi. Ann et Stephane ne perdent pas une miette de la scène. Ann trouve qu'Hasegawa-san est dans une sorte de méditation lorsqu'il façonne le papier avec les mouvements de va-et-vient.

Du kôzo très blanc est en train de tremper dans un bac. Je demande à Hasegawa-san si c'est du kôzo qu'il a cultivé. "Non, c'est du kôzo thaïlandais. Il n'y a pas assez de kôzo au Japon pour assurer la production nationale de washi. Le washi produit au Japon, je le garde pour faire du washi de haute qualité." Il nous emmène hors de l'atelier où des écorces de kôzo 'Made in Japan' encore brutes trempent en attendant d'être grattées.

papier japonais washi hasegawa tottori

Il en attrape une et avec un couteau, rape la partie noire (onigawa) et verte (amagawa). Je lui dis que j'ai visité un atelier de washi Sekishû récemment dans la préfecture voisine de Shimane; là-bas, les artisans gardent cette partie verte qui rend le papier plus résistant au final. "Oui, on fait ça aussi pour le washi Inshû. Il pleut beaucoup à Tottori, et les ombrelles japonaises (wagasa) y étaient fabriquées avec le washi Inshû. Pour rendre ce papier solide pour l'usage sur les wagasa, la partie verte de l'écorce est laissée."

En entendant cela, un déclic se fait dans ma tête: c'est vrai qu'un des objets emblématiques de la préfecture de Tottori est l'ombrelle pour le festival Shan-Shan. Y a-t-il d'autres procédés de fabrication du washi qui s'échangent d'une région voisine à l'autre ? J'ai encore tellement à apprendre sur le washi. Cette nouvelle visite chez l'artisan montre qu'une seule fois n'est pas assez pour connaître le washi local :)

papier japonais washi hasegawa tottori

 

2 commentaires


  • Bonjour,

    Ceci est une réponse pour Livia.
    J’ai lu votre réponse à Emilie.
    Je vais aller au japon et passerai par Nara, mais peu de temps.
    Pouvez-vous me faire profiter de votre expérience et me donner des adresses pour trouver du washi là-bas ?
    Je vous remercie.
    Anne (France, Drôme)

    Bonjour Livia, le

  • Bonjour Emilie,
    j’ai découvert votre activité autour du papier washi il y a peu de temps… Merci pour ces belles photos qui me transportent dans le Japon rural que je chéris et qui me manque tant… J’ai eu la chance de pouvoir visiter une petite manufacture de washi à Tsuyama il y a deux ans (je n’ai pas fait un post à part entière, mais voici quelques images, parmi d’autres: http://liv-pluto.blogspot.com/2016/10/psychedelic-japan-2016-sicht-auf-mein.html, ou ici: https://www.facebook.com/liviagnos/posts/10154719765124216)

    J’avais utilisé du papier washi auparavant déjà, mais sans avoir connaissance et conscience du processus de fabrications… depuis cette visite, je le vois différemment… J’ai ramené trop peu de papier de Tsuyama pour n’utiliser que celui-ci, du coup je complète avec ces papiers washi que j’ai achetés à Nara pour faire mes linoprints. J’adore l’aspect léger, transparent… Ci-dessous encore quelques images (pardon pour tous ces liens…)

    Bref, tout cela pour dire que lors d’un prochain voyage au Japon – je ne sais pas quand, j’aurais du plaisir à échanger avec vous, peut-être?

    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10156880272964216&set=pb.623824215.-2207520000.1556348635.&type=3&theater
    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10156559670559216&set=pb.623824215.-2207520000.1556348695.&type=3&theater

    Bonne suite en tout cas,
    Livia

    Livia Gnos le

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