Du washi dans la ville
En Mai, j’ai participé à un atelier de fabrication de papier japonais (encore un !) à Najio, près de Kobe. J’étais contente de savoir que du washi était façonné aux alentours d’Osaka, car généralement, il faut pousser loin des centres urbains pour être dans un environnement favorable (eau pure, plantes sauvages, etc.) pour fabriquer du washi.
Najio est situé entre Osaka et Kobe, dans le district de Nishinomiya. C’est donc à la fois un peu à la campagne, mais pas trop loin des villes. Cela m’a permis de m’y rendre avec un train rapide depuis Osaka. L’atelier se déroulait dans le Centre d’étude du Washi de Najio, dédié au...Washi Najio, vous l’avez deviné ;)
Le centre propose un grand stage de 4 jours en Février, et aussi quelques ateliers d’initiation au façonnage du papier japonais plusieures fois l’an (celui auquel j’ai participé). Durant ce petit atelier d’une matinée, nous avons eu une explication (et discussion pour les plus aisés en japonais :P ) sur ce qu’est le washi et celui de Najio en particulier. La personne qui nous a guidé étant Yagi-san, un maître artisan du washi de Najio. C’est d’ailleurs lui qui a beaucoup enseigné à Yoshiharu Okuda-san (washi d’Awaji) lors de sa reconversion en maître artisan.
Faire du papier japonais comme un maître
La partie pratique de l’atelier s’est déroulée sur une heure et demi environ. Yagi-san nous a expliqué la gestuelle du façonnage d’une feuille de papier japonais, ce qu’il y a faire pour avec de jolies feuilles homogènes, et comment éviter ou réparer les ratés. Lorsque lui faisait les gestes, c’était fluide et sans effort. Mais une fois que je suis passée aux bacs, j’ai dû beaucoup me concentrer pour faire du beau papier.
La façon la plus souvent utilisée pour fabriquer du papier avec un tamis (suketa 簀桁 ) est la technique “tamezuki” (溜め漉き; façonnage par amassage). On plonge le tamis à la verticale dans le bac (漉き船 sukibune) rempli de pulpe en suspension, on ramène ensuite le tamis vers soi en faisant un arc de cercle, et l’on agite gentiment le tamis dans les 4 directions pour dégorger un peu la pulpe. On repasse 4 à 6 fois, selon le type de fibres et l’épaisseur que l’on veut donner à son papier.
Puis on ôte le cadre (sukigeta 漉桁), on laisse égoutter l’eau, on retourne l'écran en banbou (su 簀) du tamis sur une étole (en lin?), et on draine l’eau avec une serviette. Nous n’avons pas pu repartir avec notre papier car celui-ci est mis à sécher naturellement dehors (tenjitsuboshi 天日干し) sur des plaques en bois, et non sur une plaque chauffante (teppan 鉄板) comme la plupart du temps. C’est chouette de fabriquer du washi comme un vrai artisan !
On avait le choix de fabriquer autant de papiers que l’on voulait (!) dans 3 sortes de pulpes à papier différentes : 1) de la pulpe à bois avec 10% de fibres de kôzo - c’était la plus facile à façonnée, 2) de la pulpe 100% fibres blanchies de kôzo, et 3) de la pulpe 100% gampi non blanchies. On avait aussi le choix de façonner des cartes postales, des feuilles A4, des petites cartes de visites. C’était vraiment très ludique, et nous étions bien encadrés par le staff.
Malheureusement, les info sur les ateliers ne sont disponibles qu’en japonais. Mais si vous souhaitez y participer, n’hésitez pas à me contacter pour vous aider dans votre inscription. C’est vraiment un atelier qui vaut le détour, car on y apprend le geste du façonnage plus en détail que lors d’autres ateliers touristiques auxquels j’ai assistés :)
Quelques mots sur le washi Najio
Je ne connaissais pas le washi de Najio avant qu’une amie ne m’en parle. J’ai pourtant un livre qui liste tous les washi les plus importants du Japon. Et celui de Najio en fait partie. Et pourquoi ce papier est moins connu du grand public ? Sûrement parce que le washi Najio est un washi assez technique et l’un des rares papiers japonais fait à partir de gampi, une des 3 fibres végétales utilisées pour faire du washi. On appelle alors ce papier gampi du “Torinoko-shi” (鳥の子紙).
L’autre particularité du washi Najio est l’utilisation d’argiles dans la pulpe à papier. Cela permet aussi d’utiliser le washi Najio comme médium artistique, car l’argile prévient la déformation du papier avec le temps. Par exemple, le washi Najio a été utilisé pour les peintures de l’école Kano du temple Daian-ji à Sakai et du château de Nijo à Kyoto, mais aussi sur les fusuma (portes coulissantes) des pièces japonaises. Le Washi Najio fut aussi utilisé pour éditer les billets de monnaie de l’époque Edo.
L’argile sert aussi à colorer le papier, et les artisans utilisent différentes argiles locales donnant différentes couleurs sont utilisées. Aussi, l’argile rend lourd le tamis avec lequel on fabrique les feuilles, c’est pour cela que les artisans faisant le washi Najio travaillent assis. Malheureusement, il ne reste que deux ateliers fabriquant le washi Najio, que je n’ai pas encore visités ! Mais bientôt, j'espère :)
Bonjour
Merci pour votre message et votre enthousiasme. Je suis artiste papier et je rêve de faire un stage au Japon. La fabrication de la pâte, les differents papiers, la teinture à l argile… tout cela me fait rever. Pourriez vous me mettre en contact avec des personnes qui accueillent des stagiaires en me donnant les conditions
Je ne parle pas le japonais mais très bien l anglais.
Merci pour votre réponse
Véronique
Bonjour,
Merci pour ce partage de votre expérience tout à fait intéressante.
J’étais au printemps 2015 en résidence d’artiste au CAP Kobe, et des amis m’ont amenée à Najio dans l’atelier de Mr Tanino ( père et fils). Je n’ai pas fait de stage, il s’agissait juste d’une visite. Je suis restée en contact et le les reverrai très probablement lors d’un prochain séjour dans le Hyogo à l’occasion d’un stage de gravure à L’atelier Outotsu ( Nishinomiya).
Je suis sur Facebook et me suis abonnée à votre page Hariko.
Au plaisir,
Annette